Trekking
   

 

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Nirvana d'altitude

Se retrouver seul face aux éléments ? Pas dans l'Himalaya. On découvre plutôt une région habitée jusqu'à 5000m par les hommes, au-delà par les Dieux.

N'en déplaise aux chinois, tout l'Himalaya semble imprégné du boudhisme tibétain.

Sur le chemin, des moulins à prière sont actionnés de la main droite par les passants, la prière s'égrènant après leur passage. Encore plus ingénieux : on laisse travailler le torrent avec les moulins à eau ! Mais aussi des milliers de drapeaux multicolores qui éparpillent les paroles sacrées au gré du vent.

Prière du matin au monastère de Tengboche : un océan de psamoldies envôutantes coupées par des explosions de cuivres et trompes vibrantes de fureur divine. On ressort très impressionné.

 

   

 

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Nous voilà parti pour notre grand trek, 3 semaines de marche dans la région de l'Everest, de 2800 à plus de 5000m, couronné par notre baptême d'alpinisme au pic du Lobuche.

 

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rando, resto, dodo ...
routine de trekkers

5h30 dans la loge. On a partagé la couche avec un(e) inconnu(e) à peine séparé par une pudique cloison de contreplaqué. La lodge frétille de mouvements de sacs de couchage, zips et habillages. On se gave de porridge, hash browns, oeufs, ou soupe de nouilles : on doit se recharger de calories à brûler.

3 à 6h de marche, il faut éviter de monter trop vite sous peine de mal d'altitude (c'est quoi ?)

L'après-midi se passe essentiellement à boire des thés au lait et discuter avec les voyageurs de rencontre. Et qu'il est bon, après une marche bien éreintante, de flemmarder à la chaleur du poelle alimenté de bouses de yak.

Pascal, notre "commère des montagnes", nous relate ses savoureuses anecdotes d'inspecteurs du cadastre, Renaud me redonne l'envie de faire du canyoning. Brian en marmonnant nous convaint de détourner notre voyage vers la Mongolie, Allan nous parle du milieu contestataire de Seattle, ...

 

 
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Grand-père sherpa

Bazé (Grand-père en langue sherpa) restera notre masquotte . A chaque marche difficile, on se rappellera ses injonctions : "Go solowly, solowly, because high ... huh huh huh ... ".

Pendant ce temps-là, il s'avale deux fois une de nos étapes pour chercher le fourrage de ses yaks. Super-Bazé a 80 ans !

Seul sur la banquette de la lodge, Bazé reste bloqué devant la page ouverte d'un guide touristique : c'est le Dalai Lama en photo. Baze en a la larme a l'oeil. Très pieux, il fait plusieurs prières par jour devant le petit autel de la lodge et nous demande ce que nous pensons des chinois. Figurez-vous que ce petit vieux est allé jusqu'à Dharamsala pour recevoir la bénédiction du Dalai Lama. Des milliers de kilomètres la foi vissée au coeur.

 

   

 

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Spectacle Himalayen

Au dessus de Gokyo, on longe le glacier noir qui a transformé le paysage en un énorme chantier d'aéroport. Soudain, la vue s'ouvre sur un vrai théâtre de montagnes.

Deux flèches de cathédrales de Gaudi sur la droite, le Cho Oyu tout blanc à + de 8000m sur la gauche, d'autres façades superbes et bizarres, pleines de coulures de peinture blanches, de chapeaux de crème chantilly.

Au fond, dans l'axe, une montagne toute simple, presque bête, une pyramide striée, sans autre effet qu'un long vent de neige au sommet : l'Everest, 8850m.

 

> panorama grand format depuis Gokyo : cherchez l'Everest !

 

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Le col du Cho La

On marche au milieu d'un paysage dévasté de gravats, de cratères et d'étonnantes dunes de sable. Grozny ? Bagdad ? Non, simplement la force de la glace coulant des sommets et rabotant sans peine la vallée.

Le lendemain : le col du Cho La, une côte de 40 à 50° culminant à 5400m. Avec le brouillard, la neige, la glace, cela devient périlleux. Mes fesses me le rappellent brusquement lors d'une glissade de quelques mètres le long de la pente verglassée.

 

 
   

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Sherpa, chapeau bas

Le peuple Sherpa nous a impressionné. Sur le chemin, des poutres, des plaques d'aluminium, des poeles a charbon, se balladent sur le dos d'hommes en sueur le visage crispé, les yeux vitreux. Pourquoi n'utilisent-ils pas davantage les yaks?

Traditionnellement, les Sherpas se chargent du commerce entre le Tibet et l'Inde. Depuis la vogue de l'alpinisme, ils sont devenus les porteurs attitrés des expéditions. Dans le monde des montagnards, on loue leur vigueur et leur loyauté.

Certains sont devenus riches par le tourisme (DVD, discman,...). D'autres continuent de porter poutres et chaudières sur le dos, des sandales aux pieds...

voir l'article de National Geographic

   

 

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Les apprentis alpinistes

On voulait nous aussi célébrer le 50ème anniversaire de l'ascension de l'Everest. Pour une première fois, on se contentera du Lobuche à tout de même 6100m.

Changement de décor, 6 jours en tente. Devant nos yeux ébahis, le guide expose piolets, harnais, jumars, crampons, 8 of finger, mousquetons... Impression de se déguiser en soldat des neiges.

3 j d'entraînement : on revise les noeuds, on part à la conquête de rochers en tirant sur le jumar. Aline reste coincée à 50cm du sol, mais se venge victorieusement sur la paroi de glace. De toute la force de ses piolets, jumars, pointe de crampons, elle a l'impression de se battre contre la montagne.

 

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Camp de base, 5100m. Vue superbe. Des drapés de neige depuis les sommets ; derrière, le Lobuche, avec son sommet au bout d'un grand S de neige.

> panorama grand format depuis le camp de base

Réveil à 1h30 du matin. Il neige dru, cela promet. La marche en cordée est éreintante avec son avancée en accordéon. A 5500m, on n'a plus que la 1/2 de l'oxygène du niveau de la mer. Une fille du groupe abandonne. Aline doit la suivre frustrée, sentant que le guide ne s'arrêtera pas avant le sommet. Dom confiant continue la fleur au fusil...

 

 
   

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Embouteillage sur l'Everest

L'Everest est un mythe.

A des altitudes alpines, L'Everest serait pourtant accessible à des presque débutants. A près de 9000m, l'altitude de croisière d'un avion de ligne c'est délicat. Le froid cause des angelures, le manque d'oxygène vous donne les capactités de réflexions d'un enfant de 5 ans, diminue vos capacités physiques et engendrent des risques d'oedèmes cérébraux et pulmonaires.

Il y a 50 ans, Hillary et le sherpa Tenzing Norgay arrivent au sommet. En cette année anniversaire, c'est la folie au camp de base. Plus de 20 expéditions, un millier de personnes, une vraie ville de tentes.

Va-t-il se reproduire la tragédie de 1996 ? Plusieurs expéditions se télescopent le même jour et créent des embouteillages. Bilan : 9 morts!

Vous voulez faire l'Everest ? Connaissance basique de la montagne ? Jamais utilisé de crampons ? Pas grave. Vous disposez de 65000 US$ et le sommet du monde est à vous ! Peut-être...

 

   

 

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Pauvre petit bonhomme Kodak

Que s'est-il donc passé ?

  1. C'est trop dur ! Quand la neige est toute molle, qu'on s'enfonce jusqu'au genou et que le piolet ne brasse que de la poudreuse, je me rends compte que je n'ai pas assez de jambes et de souffle pour tenir longtemps

  2. la glace, ça fait mal quand on frappe comme une brute du piolet et qu'on se coince le doigt entre le manche et la paroi

  3. le jumar ça ne sert à rien, quand cette merveilleuse poignée censée me retenir sur la corde s'encrasse de neige et glisse autant en avant qu'en arrière

  4. la montagne, c'est froid quand on a vu ses gants s'envoler dans une bourrasque, qu'on sent la peau des doigts accrocher sur le métal des mousquetons et qu'on commence à s'engourdir paisiblement en attendant les autres. Il faut bouger et redescendre tout seul

  5. pas facile de se souvenir des techniques de rappel quand on se retrouve seul au milieu de la paroi, abandonné par le guide qui gambade vers le sommet, et qu'on a appris les noeuds de rappel et de sécurité il y a 48h à peine

  6. pas facile de descendre quand la corde est durcie par le gel et que je dois la forcer par à coup dans le 8, sans même savoir si cette foutue corde est faite pour descendre (j'apprendrai plus tard qu'elle ne l'était pas)

  7. oups ! j'ai dû inverser le 8 de rappel et le mousqueton de sécurité. Résultat, me voilà arrêté net au milieu de ma brillante descente : la corde de sécurité est complètement emmêlée dans le 8. je dois tout défaire et refaire en serrant les dents sur la corde et les fesses sur le sol pour ne pas glisser

  8. la vallée, c'est loin quand il faut marcher au milieu d'une zone de glacier, avec la trace de l'aller effacée au vent, et des croutes de neiges énormes sous les crampons qui m'envoient rouler tous les 10 mètres

Mais la montagne c'est beau. Les paysages aériens de chaînes montagneuses, les sinuosités des crêtes de neige comme des dunes. Mais surtout, les vents de neige : des minis tourbillons qui dansent comme des feux follets, circulent à travers la pente, se croisent, s'évanouissent. Malgré ma galère, je veux le refaire... mais dans les Alpes !

 

  mini-vidéo :
les vents de neige pendant l'ascension
(format windows media player 707 ko)

 

  et le diaporama : photos en grand format

 

 

 
   

 

   

 

 

 

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