Bilan
 
 

 

 

 

 

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Comment expliquer notre engouement pour les théières en plastique bicolore des toilettes? Cette vénération pour ces nuits passées sur des sacs de riz? Comment rendre compte de ces sourires, de ces rapports humains, sereins, riches ou parfois houleux, de nos fréquents fous-rires?

Rien de spectaculaire comme les glaciers de Patagonie. Une collection de petite choses, d'impressions. Difficile à faire partager.

 

 

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Les chocs

Début Octobre, on découvre Mopti et la ville nous porte sur les nerfs, les guides sont collants oppressants. Tout juste s'ils ne veulent pas nous accompagner aux toilettes. Les serveurs lisent ce qu'on écrit par-dessus notre épaule. Les enfants nous confondent avec des distributeurs de bics ou de bonbons.

Deux mois après, on est accueilli bras ouverts : "Comment ça va? Le voyage? Ca fait plaisir! Bien dormi Madame Tranquille? Ca va papa Toubab? Vous êtes gentils comme un matin qui se lève". On plaisante avec les guides, les gens dans la rue, le mouvement des pirogues se fait hypnotique. On se sent comme un poisson dans l'eau.

Depuis l'arrivée à l'aéroport, le Mali a sans cesse été un choc. On est certes restés des observateurs extérieurs, mais on a été choqués, malmenés, émerveillés, agacés, énervés, joyeux et le sourire aux lèvres. Jamais indifférents! Preuve qu'on a commencé à aller à la rencontre d'un pays.

 

 
 

 

:: Les études

 

Voilà une idée généreuse : l'école, les études sont la clé du développement des pays africains.

Se pose le problème de l'utilité de ces études. A quoi vont servir cette cohorte d'étudiants en sociologie, en anthropologie que l'on croise à Bamako alors que la famine menace ? (NB : Pour l'ensemble de l'Afrique 36 millions de personnes morte de la famine ou de ses conséquences directe en 2001)

Le Mali a besoin de personnes capables de mettre la main dans le cambouis, de travailler dans les champs, de construire des canaux d'irrigation, de creuser des puits. Les étudiants rêvent davantage de trouver une planque dans la Fonction Publique.

De plus pour étudier encore faut-il en avoir les moyens. Ces étudiants immigrés dans les villes vivent à la charge de proches, qui n'en ont pas toujours les moyens.

Au final, l'éducation qui devrait structurer la génération à venir, déstructure le pays. Elle arrache des enfants de leur milieu rural supprimant une source de revenu, et appauvrit les familles d'accueil dans les grandes villes.

 

 

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La passivité

On va être dur. Mais les africains nous on parfois donné l'impression de se laisser aller, d'attendre passivement que le blanc leur vienne en aide.

Ainsi, cet homme à la Mission de Bamako, qui s'est installé avec sa théière et sa natte et qui vit en parasite (accepté sous couvert de charité chrétienne?)

Cet étudiant débarqué sans le sou à Bamako 1 mois avant la reprise des cours et qui quémande des pièces au lieu de chercher du travail.

Le forgeron qui nous demande une lime, le gérant d'un cyber café qui veut des logiciels, les écoles qui attendent une distribution de bics, cahiers, livres.

Enfin, ceux qui espèrent de nous une attestation d'hébergement pour rentrer plus facilement en France. Tente-t-on de leur expliquer ce qui les attend en France, ils nous regardent complètement interloqués : "Mais le Mali c'est un pays pauvre!".

Les boliviens qui sont pauvres et dont l'environnement est rude, ne nous ont pas donnés cette impression : ils sont fiers et soucieux de conserver à n'importe quel prix leur indépendance vis à vis de l'extérieur.

Est-ce la colonisation ? La sollicitude omniprésente des ONG ? L'absence de guerre d'indépendance ? Pourquoi l'Afrique est-elle si passive? Comment l'aider utilement dans ce contexte?

 

 
 

 

:: L'Humanitaire à double tranchant


Après l'école, attaquons-nous à l'humanitaire. C'est certain, l'Afrique est pauvre, on l'a pillé, elle a besoin d'aide.

Cependant, on a eu l'impression que l'omniprésence des ONG humanitaires, systématiquement occidentales, maintenait le pays dans la passivité en renforçant l'idée que le Mali ne peut s'en sortir que par la générosité des "bons blancs".

On, comprend mieux cette phrase du bolivien Evo Morales : "Le néo-libéralisme a bénéficié d'un travail de démobilisation sociale organisée à la perfection par les ONG et la coopération internationale, qui nous ont transformé en un pays de mendiants."

On peut faire le même reproche à la "générosité" des touristes. Comment cela se fait-il que tous les enfants nous abordent par un "bonjour bic" ou "donne le cadeau" ? Pourquoi certains se retrouvent avec des pièces d'euros en poche ? Comment cette génération future pourra-t-elle se prendre en main ?

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Une attention à 360°

Il semble que dans la culture africaine, l'attention soit en permanence disponible à l'environnement, réceptive aux gens, aux bruits, aux mouvements. La notion de concentration - s'abstraire de l'environnement pour gagner en efficacité - leur semble complètement étrangère.

Si on peut attendre 2 heures à la banque sans que rien n'avance, c'est que la guichetière zappe d'une tâche à l'autre. Elle est prête à abandonner notre fiche de retrait au premier client qui arrive, à l'interpellation d'un collègue ou tout autre événement plus captivant.

Des gens s'arrêteront au milieu de leur chargement, ou de leur prière du soir, pour vous regarder passer, vous dire bonjour, ou parler à leur voisin.

Pour nous occidentaux, il est parfois difficile d'être aussi ouvert : c'est agaçant lorsque l'on veut dîner en tête à tête de voir un black s'asseoir à notre table, sans demander la permission pour causer un peu.

Mais cela permet aussi une vie sociale forte et riche, d'autant plus que les maliens se souviennent de tout

Habitués par l'école coranique et la tradition orale, à enregistrer ("tout s'inscrit comme dans une cire vierge"), ils nous ont étonnés par leur mémoire. Des inconnus nous abordent et nous demandent comment s'est passé notre voyage à Tombouctou.

On a l'impression qu'ils ne font pas attention à ce qu'ils font, alors qu'ils ont une attention à 360°.

 
     
 

 

:: Les journaux


Le lyrisme du style journalistique Africain :

"Au moment où la nouvelle nation démocratique appelée 3ème république, était frappée en plein coeur, les braves auto-proclamés ont pris peur du naufrage et ont débarqué du bateau de la démocratie. IBK est resté avec son équipe aux commandes pour conduire le navire au port de la quiétude. Le bateau de la démocratie a tangué mais n'a pas chaviré.

(...)

Tant d'abnégation, de dévouement, de loyauté, de patriotisme mis au service de la nation méritaient considération. Mais hélas, les suppôts du régime Alpha, comme des requins affamés, se sont lancés dans une campagne de presse immonde qui le couvrait d'infamies.

(...)

Le voilà encore, par la grâce du Seigneur élu président de l'Assemblée Nationale.

 

 

 

 

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Un exemple pour l'Afrique

Le Mali nous impressionne par la sérénité sa vie publique.

Alors que l'Afrique est ravagée par les dictatures et les conflits ethniques, religieux et politiques, alors que la guerre se propage de tous côtés (Côte d'Ivoire, Sierra Leone, Guinée, Algérie, Tchad), cette harmonie surprend.

Le gouvernement est une authentique démocratie multipartite qui fonctionne depuis 10 ans.

Bambaras, Peuls, Dogons et Songhai qui s'entre-déchiraient au siècle dernier sont maintenant mélangés par les liens du mariage et s'apprécient. Même les Touaregs qui se sont rebellés depuis l'indépendance ont maintenant un rejeton au poste de Premier Ministre.

Les 90% de musulmans sont très tolérants vis-à-vis des chrétiens et animistes. Un ex. notre guide Dogon est catholique, son frère et son grand père musulman, son père animiste.

 
 
     
     

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  juil-sept 2002 oct-déc 2002 La ville entre 2 eaux La plus jolie ville du Mali Parmi un peuple extra-terrestres Est-ce bien une capitale ? janv-août 2003 3 jours sur une pirogue au pays des Touaregs
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