:: L'Humanitaire à
double tranchant |
Après l'école, attaquons-nous à l'humanitaire.
C'est certain, l'Afrique est pauvre, on l'a pillé,
elle a besoin d'aide.
Cependant, on a eu l'impression que l'omniprésence
des ONG humanitaires, systématiquement occidentales,
maintenait le pays dans la passivité en renforçant
l'idée que le Mali ne peut s'en sortir que par la générosité
des "bons blancs".
On, comprend mieux cette phrase du bolivien Evo Morales :
"Le néo-libéralisme a bénéficié
d'un travail de démobilisation sociale organisée
à la perfection par les ONG et la coopération
internationale, qui nous ont transformé en un pays
de mendiants."
On peut faire le même reproche à la "générosité"
des touristes. Comment cela se fait-il que tous les enfants
nous abordent par un "bonjour bic" ou "donne
le cadeau" ? Pourquoi certains se retrouvent avec des
pièces d'euros en poche ? Comment cette génération
future pourra-t-elle se prendre en main ?
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Une attention à 360°
Il semble que dans la culture africaine, l'attention
soit en permanence disponible à l'environnement, réceptive
aux gens, aux bruits, aux mouvements. La notion de concentration
- s'abstraire de l'environnement pour gagner en efficacité
- leur semble complètement étrangère.
Si on peut attendre 2 heures à la banque sans
que rien n'avance, c'est que la guichetière zappe d'une tâche
à l'autre. Elle est prête à abandonner notre
fiche de retrait au premier client qui arrive, à l'interpellation
d'un collègue ou tout autre événement plus
captivant.
Des gens s'arrêteront au milieu de leur chargement,
ou de leur prière du soir, pour vous regarder passer, vous
dire bonjour, ou parler à leur voisin.
Pour nous occidentaux, il est parfois difficile d'être
aussi ouvert : c'est agaçant lorsque l'on veut dîner
en tête à tête de voir un black s'asseoir à
notre table, sans demander la permission pour causer un peu.
Mais cela permet aussi une vie sociale forte et riche,
d'autant plus que les maliens se souviennent de tout
Habitués par l'école coranique et la
tradition orale, à enregistrer ("tout s'inscrit comme
dans une cire vierge"), ils nous ont étonnés
par leur mémoire. Des inconnus nous abordent et nous demandent
comment s'est passé notre voyage à Tombouctou.
On a l'impression qu'ils ne font pas attention à ce qu'ils
font, alors qu'ils ont une attention à 360°.
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