:: Sekou Diallo, 23 ans, peul

Depuis qu'il a 13 ans, il travaille sans repos sur la pinasse. 3 jours de Mopti à Tombouctou chargé de mil et de riz, 3 jours de retour chargé du sel du désert.

Sans être allé à l'école, il déchiffre et comprend le français.

Il veut montrer nos photos de lui à sa mère. Sa mère lui a dit qu'il se marierait à 24 ans avec une Bamakoise. Il parle avec dévotion de sa "môman", tandis qu'il n'évoque qu'incidemment son père ("semeur distrait" selon Hampathé Bâ).

Reste une rencontre très forte, une leçon de vie, avec un homme simple, confiant et gai dans une vie qui nous semblerait bien dure...

:: Hampathé Bâ

Ce grand auteur malien nous a accompagné tout le long du trajet. Réhabilitant la richesse de la culture orale, ses livres sont des bijoux de sagesse africaine derrière leur gaieté et leurs expressions truculentes. On adore !

"Sucre ma langue, que je t'annonce une bonne nouvelle."

"Ils s'entendaient comme lait et couscous."

"Les tubes de son estomac et de ses intestins étaient si emmêlés que son âme avait tout désappris."

"Cesse d'être ce que tu es, et oublie ce que tu sais (...) Une calebasse pleine ne peut recevoir d'eau fraîche."

"Chacun d'entre nous, même s'il n'est qu'une petite mare de la brousse, peut essayer de maintenir pure et paisible l'eau de son âme, afin que le soleil puisse s'y mirer."

 

 

 

 

"On ne peut m'annoncer une nouvelle plus grave que celle que le destin m'a assignée au jour de ma naissance en me disant : "Tu es entré dans une existence dont tu ne sortiras pas vivant quoique tu fasses".

La vie est un drame qu'il faut vivre avec sérénité."

"Son ventre se remplit du désir d'informer. Il prit à la hâte le chemin du retour, craignant que son ventre trop rempli ne se déchire et que les informations qui y étaient contenues ne s'échappent."

 

 

 

 

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L'étincelle

Puis, par la magie de la caméra numérique, la situation se renverse. Sekou, mécanicien, nous demande de le prendre en photo avec ses amis.

 

 

Et voilà ces grands gaillards tout en muscle qui suivent docilement les directives de Dom pour prendre la pose !

Sekou devient notre grand pote, serrement de main, grande tape sur l'épaule. "Toi, moi, lui, c'est la même chose".

   

Du coup tout change pour nous. Le bateau nous semble une arche de Noé pleines de merveilles.

C'est une accumulation de riz, légumes, passagers, moutons, motocyclettes. Au-dessus de nous, des dizaines de sacs, lampes et boubous font des mobiles de Calder.

 

On passe des heures, à observer. Ce vieux sage qui passe ses journées à fixer l'eau en fumant sa pipe. Cette femme si belle avec ses deux enfants qui nous accueille au réveil avec un sourire désarmant. Drissa, pêcheur et son réveil-matin-mosquée dont la sonnerie est l'appel du muezzin.

 

 

 
  Diaporama : photos grand format
     

 

   
LE FLEUVE    

- Que peut nous apporter l'Afrique ?
- Le rire, que vous avez perdu.

Hampathé Bâ.

     

Ca commence mal !

3 jours dans une pinasse, une pirogue marchande. 3 jours au milieu des bagages et marchandises, à dormir sur des sacs de riz.

 

On n'est pas à l'aise, pas à notre place, maladroits dans cet univers inconnu.

Le paysage est plat et morne. On a peine à croire que le fleuve Niger est l'artère du Mali. Bref tout va mal !

 

 

 

   

 

 

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W-C périlleux

Parmi les attractions du voyage, l'expédition aux toilettes. Il s'agit de contourner l'espace des machines à ciel ouvert en longeant le côté du bateau par l'extérieur.

 

Quand vous passez de nuit, agrippé aux rebords coupants du bateau, avec d'un côté le vieux moteur de camion recyclé qui tourne à ciel ouvert, de l'autre l'eau qui file sous les pieds, il vaut mieux espacer ses visites !